La psychothérapie : une étape incontournable sur le chemin de la guérison.

– Quoi ? Une psychothérapie ? Hors de question !

Voilà ce que j’ai immédiatement pensé quand j’ai réalisé que j’étais atteinte depuis quelques temps déjà de dermatillomanie, et quand j’ai lu sur de nombreux sites que la psychothérapie était le moyen le plus sûr de s’en sortir. Je m’en sortirai par la force de ma volonté, pensais-je à l’époque (il y a un an tout juste). Grave erreur professeur, ce refus de m’engager dans la voie d’une thérapie cognitivo-comportementale (TCC) ou d’une thérapie intégrative n’a fait que retarder l’échéance de la guérison, et me donner l’illusion que j’étais parfaitement maîtresse de moi même, que je n’étais pas « malade » et que tout était question de volonté pour lutter contre cette « mauvaise habitude ». J’avais donc tout faux. La dermatillomanie est une maladie de l’impulsion qui n’a que faire de la force de votre volonté. Il se passe des choses au niveau cérébral (au niveau du système de récompense notamment) qui dépassent la simple résolution d’arrêter de se gratter en y mettant toute sa bonne volonté et sa motivation, qui bien souvent fluctue en fonction de notre état de fatigue et de notre moral. Accepter que l’on est victime de troubles de l’impulsion est déjà un premier pas vers la guérison, et faire la démarche pour rencontrer un psychothérapeute en est un deuxième, et pas des moindres.


Vers qui se tourner ?

Vous pouvez vous adresser à un psychothérapeute qui pratique la méthode de la Thérapie Cognitive et Comportementale dite TCC, en essayant de favoriser les spécialistes des troubles anxieux, et troubles liés au corps. La première thérapeute que j’ai rencontré était spécialiste en troubles anxieux, notamment les troubles alimentaires, et pratiquait la TCC. Cependant, elle ne connaissait pas la dermatillomanie et n’avait jamais rencontré ce cas auparavant, ce qui a sans doute compliqué la tâche autant pour elle que pour moi. Cela dit, cette psychothérapeute m’a permis d’effectuer une première approche thérapeutique, et m’a permis de commencer à déblayer les premiers axes de travail sur moi.

Un changement de ville et l’absence de praticiens spécialisés en TCC sur mon nouveau lieu de vie m’a conduite à repenser mon approche thérapeutique et à me tourner vers le Centre Dermatillomanie France, fondé par Mme Rivière-Lecart, spécialiste en dermatillomanie, qui a formé d’autres psychothérapeutes dans le domaine. C’est ainsi que j’ai pu prendre contact avec l’une d’elles par Skype, à raison d’une fois par semaine pendant 1h au début. J’ai immédiatement constaté la différence entre une thérapeute spécialiste du trouble, et une thérapeute pratiquant simplement la TCC. En effet, les spécialistes du Centre Dermatillomanie France proposent une approche fondée sur une thérapie intégrative, c’est à dire qui regroupe différents types de thérapie afin de s’adapter au mieux à la complexité de la maladie, qui présente à la fois un aspect répétitif, addictif et un fort aspect psychologique fondé sur le refoulement d’émotions, une/des expérience(s) traumatique(s)… Ainsi, progressivement, j’ai constaté une amélioration de mon état liée à un espacement des crises, une diminution de leur intensité, une meilleure gestion des moments « à risque », et bien sûr, un visage qui commençait à cicatriser et à retrouver sa santé. Aujourd’hui il ne me reste plus que quelques cicatrices sur le visage, et je les traite pour atténuer leur visibilité et les faire progressivement disparaître. Je ne gratte plus ni mon visage ni mon buste, par contre je continue de travailler sur mes grattages des doigts qui demeurent problématiques avec ma thérapeute.


Est-ce vraiment nécessaire ?

Oui. Mille fois oui.

La dermatillomanie est un trouble, qui, lorsqu’il est installé, est extrêmement difficile voire impossible à éradiquer seul(e) lorsque l’on n’est pas accompagné. Ce trouble est lié à des composantes psychologiques liées à notre caractère et mode de fonctionnement (perfectionnisme à outrance, mauvaise estime de soi), une mauvaise gestion des émotions (refoulement, anxiété, colère intérieure), et à des racines profondément enfouies dans notre inconscient (expériences traumatiques, relation intra-familiales, perception de soi et des autres) qu’il est compliqué d’exposer à la lumière du jour toute seule. La psychothérapie permet de prendre conscience des raisons profondes de notre comportement et de réaliser un véritable travail de fond sur soi, qui permet non seulement de cheminer vers la guérison, mais également de gagner en maturité, en assurance, en sérénité d’esprit, et in fine, en bonheur. (selon mon expérience).


En conclusion

Je recommande à quiconque souhaite sérieusement en finir avec la dermatillomanie d’aller consulter un spécialiste et d’entamer un véritable travail de fond par le biais d’une psychothérapie. Je n’hésite pas une seconde à dire que ma psychothérapie a été l’élément essentiel et déterminant de ma guérison. Sans elle, je ne serais pas loin du point de départ.

  • La dermatillomanie n’est pas affaire de volonté. C’est une maladie qu’il convient de soigner de façon appropriée en s’adressant à un spécialiste.
  • La TCC et la Thérapie intégrative, en particulier celle proposée par le Centre Dermatillomanie France, constituent une base solide pour s’en sortir.
  • Une thérapie s’effectue sur le long terme, généralement plusieurs mois. La mienne a commencé le 28 octobre 2016 et est encore en cours.
  • Les thérapies sont certes coûteuses mais nécessaires. Pensez à toutes les crèmes, correcteurs, fonds de teint couvrants qu’une guérison vous fera économiser à long terme, mais aussi à votre bien être après votre libération. Le jeu en vaut largement la chandelle.
  • N’ayez pas peur de vous lancer. Vous n’êtes ni folle/fou, ni bizarre. Vous êtes atteinte d’un trouble dont on peut guérir et qui doit cesser de vous gâcher la vie. Prenez votre courage à deux mains et si vous n’avez pas encore entamé de thérapie, foncez. Maintenant.

 

Bon courage à toutes et à tous !

♣ Lili ♣